La Caisse des dépôts (CDC) est partenaire de l’ANCT dans la coordination du programme Action Cœur de Ville. Au moment où les collectivités ont besoin de solutions pour préparer la relance, Olivier Sichel, directeur de la Banque des territoires de la CDC, appelle de ses vœux un « acte II du programme » pour restaurer un tissu socio-économique local détérioré par la crise sanitaire et activer la réalisation des projets.
L’ANCT coordonne ce programme national. Comment la Banque des territoires travaille-t-elle avec nos équipes ?
Nous avions été associés par l’État à l’élaboration du programme. Une relation de travail étroite s’est donc très naturellement nouée entre les services de l’État chargés du pilotage du programme au sein de l’ANCT et la Caisse des dépôts.
Notre équipe projet échange de façon constante et régulière avec le préfet Rollon Mouchel-Blaisot et son équipe, à l’ANCT, afin de trouver des solutions aux difficultés rencontrées par les villes et de capitaliser sur des expériences réussies pour enrichir le programme.
Aujourd’hui, deux ans après son lancement, où en est concrètement le programme Action Cœur de Ville ?
La redynamisation des centres-villes est un projet complexe. C’est pourquoi les dix-huit premiers mois du programme ont été consacrés à accompagner les collectivités dans l’élaboration de leurs plans d’action. Lors de cette première étape, nous avons financé pour près de 24 millions d’euros de missions de conseil. Il me semble important de souligner que ces villes n’avaient jamais eu accès à autant de moyens pour travailler leurs projets. Beaucoup de territoires ont désormais des projets solides.
Nous en sommes donc, aujourd’hui, à la deuxième étape, celle de la transformation. Et ce, malgré la crise, pour poursuivre la phase de décollage amorcée depuis plusieurs mois. Nos équipes sont de plus en plus sollicitées pour apporter des solutions d’accompagnement et de financement viables, adaptées, destinées à la fois aux collectivités publiques et aux porteurs de projets privés.
Pouvez-vous nous citer des exemples de ces projets ?
Au moment où je vous parle, les premières réalisations sortent de terre. De la rénovation de locaux commerciaux, comme à Dole (39), au réaménagement de l’espace public – au bénéfice des mobilités douces, par exemple – à Nogent-le-Rotrou (28), Avignon (84) ou Cahors (46) : les cœurs de ville évoluent pour offrir un environnement plus attractif.
Chaque jour, de nouveaux équipements et services apparaissent, à l’image du cinéma Grand Forum à Dieppe (76), des résidences-services séniors de Narbonne (11), Mont-de-Marsan (40) et Dunkerque (59) ou, encore, des lignes de bus à haut niveau de service Möbius, une solution de mobilité durable, à Angoulême (16).
Les territoires s’outillent aussi avec notre soutien. En 2019, la Banque des Territoires a investi plus de 11 millions d’euros dans des sociétés foncières, capables de mener des opérations de transformation commerciale en centre-ville, comme à Belfort (90) ou La Roche-sur-Yon (85).
Au total, depuis le lancement du programme, les équipes de la Banque des Territoires ont engagé plus de 390 millions d’euros destinés à 1 383 projets [NDLR : au 31 mars 2020].
Quels principaux enjeux identifiez-vous afin de relancer le programme après la crise sanitaire ?
La crise sanitaire bouleverse l’agenda des priorités, à court terme : son impact sur les écosystèmes locaux, parfois fragiles, des cœurs de ville appelle une mobilisation renforcée et, sans doute, à un acte II du programme. Des solutions nouvelles pour reconstruire un tissu socio-économique local endommagé et pour relancer la transformation des projets vont devoir être activées.
Nous travaillons sur de nouvelles offres pour accompagner les villes dans cette période difficile. En premier lieu, la relance du commerce local va s’imposer, car cette crise engendre aussi des changements de formats et de comportements chez les consommateurs. Tout cela nécessitera de redoubler notre accompagnement.
Nous allons donc proposer rapidement des initiatives pour aider les villes à relancer leurs opérations : sur le commerce de proximité, sur la soutenabilité financière des opérations déjà programmées, sur la préparation accélérée de nouveaux sites de projet et sur des projets de résilience climatique.
À moyen terme, l’enjeu n’est pas seulement de réparer, mais aussi de préparer l’avenir, avec l’objectif de permettre aux villes moyennes de se projeter comme les villes de demain. Les villes moyennes sont des laboratoires où des solutions innovantes peuvent s’épanouir. Elles sont également des espaces propices pour conforter et réinventer la place de la nature en ville, à l’heure où le dérèglement climatique exige d’interroger la façon de concevoir les villes et la gestion de la densité humaine.
Les modalités d’intervention de la Caisse des dépôts
Le programme Action cœur de ville est une priorité pour la Banque des Territoires qui a mobilisé, dès le départ, 1,7 milliard d’euros, sur cinq ans, au profit des 222 territoires identifiés.
Ces moyens servent à financer des expertises, à hauteur de 100 millions d’euros, pour que les villes sécurisent leurs projets et entreprennent des démarches innovantes. 700 millions d’euros sont consacrés à des prêts contribuant à la redynamisation du territoire, et la Banque des territoires investit également 900 millions d’euros aux côtés de partenaires privés pour des projets locaux et le développement des sociétés foncières.
Les filiales de la Caisse des dépôts s’engagent, elles aussi, pour la réussite du programme : CDC Habitat, par exemple, mobilise 1,8 milliard d’euros sur cinq ans pour la construction et la réhabilitation de logements en cœur de ville.
La SCET, Icade, Transdev ou CDC Biodiversité sont également engagées pour apporter des solutions aux 222 villes, chacune dans leurs domaines respectifs : l’ingénierie territoriale, l’immobilier, la mobilité et la résilience climatique.
Crédit photo : Jean-Marc Pettina